Le diplomate ne cacha pas son grand sourire, face à l'émissaire :


- Allons, vous allez me faire rougir, vous ne nous avez pas engagé pour notre bonté après tout, attendez-vous à bien pire, là, on est encore charmants croyez-moi.

Il retourna ensuite à son "poste" c'est à dire rien faire, sortant la longue vue et la rangeant dans les affaires du capitaine une fois hors de vue.

"hop hop hop, douille, pas si vite... Vous appelerez vos potes plus tard. Meme si j'ai envie d'une petite baston, croiser un vaisseau de premiere ligne sur le chemin c'est pas trop ce que j'aime..."
Elle se tourna vers  Rethel
"pas vrai capitaine?"

Manvussa lance des éclairs à Lambert par les yeux pendant que Douille hausse un sourcil.

_"Que voulez-vous dire ?"

_ "Cela m'étonnerait", répond Douille. "Les bâteaux rebelles n'apparaissent pas sur le réseau, et ils attaquent des navires de marchandises qui ne l'utilisent pas."

"Qu'ils n'espèrent pas avoir un gramme de quoi que ce soit d'autre que de l'eau de mer si ils ne le pêchent pas eux mêmes. Pas mon problème.", fit-il d'une voix presque joyeuse devant l'interjection de l'émissaire, l'intervention de Lambert lui tirant un rire. Il ne faisait pas confiance à ce type, mais il était amusant.

Il considéra un instant l'air renfrogné de Lizbeth, et reporta son attention sur les cordages.
Il avait drôlement envie de carrer une balle dans la jambe de chacun de ces marins et les laisser nager, il fallait bien le dire, mais peu importe comme elle désapprouvait, c'était bien la seule option que Manvussa leur aurait laissé de toute façon, avec les bracelets toujours attachés à leurs poignets.
Leur situation actuelle était trop délicate pour agir comme ils le faisaient avant et elle était suffisamment intelligente pour le savoir.

Il regarda le commandant Douille d'un air perplexe lorsque celui ci dit qu'il allait communiquer aux autres navires qu'ils n'avaient plus besoin d'aide, alors qu'une idée germait dans son esprit.

"Ce que veut dire ma seconde, c'est qu'il serait fâcheux que le bateau vous ayant attaqué nous remarque en interceptant votre radio.
Vous n'aviez pas un navire de marchandise et on vous a attaqué quand même, quant à nous on pourrait bien nous prendre pour un bateau de marchandise.
Oh, autre chose.
Non pas que je ne me réjouisse pas à l'idée d'entendre vos neuf hommes mourir de faim mais certains dans notre équipage ne sont pas habitués, et pourraient être tentés de leur donner à manger.
Et voyez vous je n'aime pas qu'on prenne ce navire pour un bateau de tourisme.
Cependant j'aurais peut-être un marché à vous proposer. Vous êtes commandant dans la marine royale, je suppose qu'on vous connaît à Malachite.
Vous pourriez sans doute acheter les ressources dont nous allons avoir besoin, prendre une dette puisque je suppose que votre argent était dans votre navire. En échange de quoi," il pointa la barque distraitement, "ils auront un de nos filets de pêche le temps du voyage."

Il ne lui coûtait rien de prêter un filet, mais si on pouvait faire leurs courses à leur place, ce serait ça d'argent en plus pour eux.
Ces dix péquenots étaient pour l'instant plus utiles vivants et à leur merci que morts, et il pensait stratégique.
Il aurait tout son temps pour les retrouver et les mettre à mort une fois libre, c'était même l'occasion d'une bonne partie de chasse.

Pour prendre son mal en patience il alla gaiment retirer le pavillon royal, attendant une réponse.

"Jetez cette radio par dessus bord si vous ne voulez pas le faire vous même, au fait. Tant pis pour vos bateaux de secours, ils feront un peu de chemin mais j'ai vu la taille de votre opposant et je n'ai pas envie d'y avoir à faire dans l'état actuel."

Le commandant Douille enroule longuement sa moustache autour de son doigt, l'air songeur.

_"Mais le réseau est très protégé, toute connexion est censée apparaître, c'est là où je veux en venir... quant à votre proposition, elle me paraît raisonnable. J'ai quelques contacts à Malachite et pourrais sans doute vous obtenir ce que vous souhaitez. En revanche, la radio, je ne sais pas si c'est une bonne idée..."

A ces mots, Manvussa s'approche à grand pas d'Uyann, les poings sur les hanches.

_"Non, non, non !", martèle-t-il, l'air tout excité ; "ce sont des réfugiés et je vous interdis formellement d'agir comme les barbares que vous êtes ! Vous allez leur offrir l'hospitalité et ce sans réserve !"

"Dites moi, Mannvussa, vous savez combient pese un boulet de canon classique? Réponse, 36 livres. Et vous savez combient il y a de canon sur un vaisseau de 1 ere ligne? 4 de proue, et minimum 8 sur les bord. Vous avez vraiment envie de manger autant de fonte?"
Dit Elizabeth, d'un air impatient.
"si ils montent sur le navire, de plus, ni vous ni moi n'aurions plus de quoi manger, ni boire."

"Vous avez entendu le commandant Douille, il dit qu'il peut nous obtenir ce que nous voulons. Ca me semble également raisonnable comme marché, c'est même le plus raisonnable que j'aie conclu depuis des lustres.
Un simple dédommagement pour le service rendu. Sans nous vos navires n'auraient retrouvé que des cadavres ballonnés par trois jours en mer.
De plus je crois que vous oubliez qu'ils sont aussi nombreux que nous, si nous les nourrissons, demain nous n'aurons plus de vivres. A moins que vous n'ayez dans vos propres réserves suffisamment de nourriture pour vingt-trois marins pendant deux jours."

Il se retourna vers Douille après que Lizbeth ait exposé ses calculs sur le poids de leur connerie, appuyant : "Vous n'aurez qu'à prétendre que vous l'avez perdue dans le naufrage et prévenir la flotte de votre survie depuis Malachite."

Lambert qui avait tout entendu en revenant, ajouta à l'honneur de l'émissaire :


- Très bien, ils montent, mais leur consommation d'eau et de nourriture sera retenue sur votre part n'est-ce pas ? Nous barbares ne partageons pas, et vous brave homme allez faire un geste.

Sourire jusqu'aux oreilles. Pas de pitié pour les naufragés.

Manvussa a un air mi-renfrogné, mi-hésitant.

_"... Très bien."

Il lance cela dit un regard irrité à Lambert.

_"Dois-je vous rappeler qui peut vous taser ici ?"

Le commandant Douille, quant à lui, vous écoute et jette son dispositif à la flotte.

_"Nous ne sommes pas bien loin de Malachite", dit-il pour lui-même. "Le mieux est de vous mettre en route immédiatement..."

"C'est bien ce que je comptais faire.", fit le capitaine, remettant le cap sur Malachite en ordonnant aux membres présents de relever les voiles, descendues le temps de leur petite pause. Il n'était pas mécontent : des courses gratuites et Manvussa énervé mais résigné.

Bien qu'il avait arrêté de sourire, il ne flancha pas sous la menace, et regarda l'émissaire droit dans les yeux.


- Tasez-moi si ça vous amuse, mais la mission passe avant tout. Si vous comptez la mettre en danger à la moindre veuve en détresse, vous n'avez pas compris l'urgence de notre situation. Croyez-moi, d'ici la fin de ce voyage, il faudra prendre des décisions bien plus drastiques, et la "morale" causera notre perte si vous voulez nous forcer à la suivre.

Il s'assit et regarda simplement le capitaine reprendre la barre. Cet idiot d'émissaire allait tous les tuer un jour, il le sentait.

Es s'activa pour relever les voiles. 

-On repart allez !! 

Puis il revint auprès d'Ilda. 

-Bon ma petite j'espère que que tu vas te rendre utile bientôt parce que tu fais pas grand chose pour le moment... fit-il en lui donnant un petit coup de coude dans les côtes.

Manvussa croise les bras en te regardant, Lambert.

_"Offrir de l'assistance à des réfugiés, cela vous met en danger ?"

Vous descendez les voiles, et le navire reprend de la vitesse.

Il ricana :


- Pour nos réserves de nourriture, le moral global, les risques de maladie, le risque de trahison, les possibles disputes. Vous êtes sur un navire de pirates, les pirates n'aiment pas les profiteurs, vous connaissez, la loi de la jungle. Enfin, là, passe encore, mais faudra pas vous y habituer.

-Bah je sais pas p'tiote ! Rends toi utile. Aide les autres ou je sais pas moi... Tiens pourquoi pas tu ferais pas ami ami avec l'émissaire, souffla-t-il. Ou plus si affinités ! Ça pourrait toujours servir ! 

Après tout si quelqu'un sur ce bateau se montrait agréable et pas hostile envers lui, peut-être qu'il récolterait des infos ou pourrait lui retourner le cerveau.

"Quoi ?!" s'étrangla Ilda. "Mais je ne suis pas une... !" Ne trouva pas comment dire sa pensée de manière soutenue, elle en colla une dans la tronche d'Ed. Une petite gifle avec sa petite taille et sa petite force... Une caresse ratée en fait.

Ed tenta de retenir un éclat de rire mais ne trompa personne. Finalement il explosa et répondit en s'exclafant:

-Mais je t'ai pas dit de coucher avec bordel ! J'ai juste suggéré que tu sois amicale ou plus si ça te chante. Ah les femmes...

Le père Benj n'avait rien écoutait au bla-bla politico-moral. Mais bon, il s'amusa en voyant la drôle de scène qui lui procurait Ilda et le cannonier. Il ferma son livre et alla dans la direction d'Ed. En posant sa main sur l'épaule d'Ed par derrieur, il dit:
-Et bien mon coco, tu es peut-être un Don-juan mais ta pas la cote avec celle-là dit le père Benj en ricannant.

Visiblement, vous avez bien géré la situation. Pas de navire renégat en vue sur le chemin, les réfugiés ne consomment pas trop même s'ils gueulent beaucoup, et vous repartez même avec un passe pour avoir des fournitures gratuites. Vous avez cela dit eu droit à un Manvussa de très mauvaise humeur sur les quelques jours restants, pas que ce soit utile de le noter.

Ce matin, la vigie aperçoit une île loin à l'horizon. Vous savez tous ce que cela signifie. Vous avez bien atteint votre première escale, et ce, sans rencontre la moindre résistance ni la moindre averse sur le chemin. Les temps ont été cléments, le vent aussi, les flots aussi. Il faut croire que les hommes épuisés en train de mourir dans le canot ont pris pour vous. Ou est-ce le calme avant la tempête ?

Quoi qu'il en soit, Malachite se profile doucement dans votre champ de vision. Cette île minière est en pente, où vous pouvez apercevoir des habitations dans l'ordre croissant de la plus vétuste à la plus luxueuse. Jusqu'au sommet, où se trouve ce qui doit être le manoir du gouverneur. Les cultures se trouvent probablement de l'autre côté de l'île, à l'opposition de celui où vous arrivez.

La promenade a l'air déserte, et les échoppes semblent délaissées de leur propriétaire et de leurs marchandises. Mais vous entendez quelques exclamations au loin, et ce qui doit être un gérant de port vous fait signe. Il vous faudra probablement payer le séjour, mais quoi qu'il en soit, cette île est trop surpeuplée pour que vous puissiez faire escale clandestinement. Quoique, surpeuplée. Pour le moment, elle a l'air bien vide.

_ "Bon, il va falloir qu'on jette l'ancre", remarque Manvussa. "Si vous souhaitez faire des achats, outre ceux que le commandant Douille a la bonté de vous financer, je vous rappelle votre budget général. Vous avez dix mille encrins. Tâchez de ne pas les dilapider."

Il va déjà falloir que vous amarriez le navire correctement.

Un peu avant l'arrivée au plus près des côtes il avait ordonné de baisser les voiles les plus grandes, et dirigé le bateau vers le port de façon safe si possible puisque les flots sont calmes. Maintenant cherchons une place assez grande pour faire un créneau sans casser la barque lel. Il laissa aux hommes du port le soin de gérer la barque, dont l'attache au navire n'était pas un souci pour des marins expérimentés.


Au passage il envoya trois personnes (les premiers présents tant qu'à faire) préparer l'ancre, et deux autres (au pif Lambert et Ilda pour qu'ils s'occupent) préparer les cordages latéraux, à envoyer aux hommes à terre pour qu'ils prennent le relai.
Rethel était assez habitué aux amarrages peu conventionnels et plus ou moins illégaux, mais globalement ça se passait de la même manière.
Seulement c'étaient des types qu'il ne connaissait pas et non ses propres membres d'équipage qui amarraient le bateau au sol. Cela avait peu d'importance techniquement, même s'il n'aimait pas spécialement le fait que des marins réguliers touchent à son bateau.