"sans vouloir vous vexer, monsieur l'ambassadeur, fallait s'y attendre en embarquant. J'ai déjà remarqué que vos soldats on embarqué certains de nos biens personnel. Une longue vue est assez onéreuse quand on y pense. Et vos hommes se sont servis."
Lizbeth posa son fusil contre son épaule.
"Et la lunette de mon fusil est en aucun cas assez puissant pour voir les navires..."
Elle avait franchement envie d'aller voir, mais faire titiller le péruqueux l'amusait au plus haut point.

"Allons voir !", fit-il avec enthousiasme alors qu'il montait les escaliers du pont supérieur, se moquant royalement -ironiquement- de la réponse de l'émissaire ou de son avis sur la question, adressant à sa seconde un large sourire en coin : 
"Lizebeth, mettez en joue quiconque serait encore en vie tant que nous ne connaissons pas leurs intentions. Qui sait, on trouvera peut-être une longue vue là bas !"

Il modifia légèrement le cap pour s'approcher du bateau en grande difficulté et condamné à couler, espérant que le temps d'y arriver, il y aurait encore des choses à repêcher. Au pire ils pourraient toujours l'achever pour le fun.

"Dois-je m'étonner de votre incompétence ? Et vos biens personnels n'ont aucunement été touchés, madame. Enfin, puisque votre capitaine le veut, allons donc voir ce bateau."

Votre navire change légèrement de cap et s'approche du bateau, qui met son temps pour couler. De loin, vous pouvez progressivement apercevoir certains survivants qui vous ont vus, et qui vous font signe. Sans doute ont-ils remarqué votre pavillon.

"Seigneur Manvussa vous devriez vous étonner plus souvent, peut-être alors chercherez vous à comprendre et apprendrez vous quelque chose d'utile, pour une fois."

Sous son sourire nonchalant, il ne dissimulait rien puisque son mépris était plus évident que deux et deux font quatre. Il descendit les escaliers et s'accouda de nouveau à la rambarde et déclara d'un ton exagéré :

"Tiens tiens, qu'avons nous là ! Un navire d'Osharie de toute évidence, eux qui sont si compétents, me voilà bien étonné également !" 

Se retenant d'évoquer le fait qu'en plus ils avaient été attaqués par d'autres oshariens, il se pencha pour compter les survivants : ils n'avaient pas des vivres illimités et à moins que Manvussa ne partage ses vivres -un peu de patriotisme que diable !-, ils avaient intérêt à payer leur part. Et à ne pas tenter de les entourlouper. 

Il en profita pour leur faire coucou. Avec un peu de chance ils allaient le reconnaître. Ce serait drôle.

Ed était monté sur le pont des qu'il avait entendu les canonades. Cependant il s'était tût et avait observé le manège de chacun. Lorsqu'ils se rapprochèrent du bateau qui coulait, il l'observa sous toutes les coutures. Essayant de repérer quelque chose de précieux ou de dangereux.

Manvussa se contente de te fixer les bras croisés, Uyann. Mais quand il t'entend évoquer un navire d'Osharie, il se précipite pour vérifier tes dires.

"C'est impossible, personne n'attaquerait l'un de nos navires si près de la capitale. Avez-vous aperçu le bateau opposant ?"

Sur le navire, vous voyez une petite dizaine de survivants s'agiter. Ils s'exclament qu'ils ont eu de la chance qu'il y ait eu un navire Osharien si proche, sachant qu'ils ont envoyé un signal de détresse. Que vous n'avez pas reçu, au passage, vous n'avez pas les dispositifs.

Lambert intervint, et fit à l'émissaire : 


- Toujours pas de longue vue, mais peut-être ces survivants pourront nous aider. Remontons-les, menons-les à l’infirmerie, et nous leur poserons des questions au calme.

Il manqua d'ajouter "sans vous" à la phrase, mais remplaça ceci par un grand sourire radieux. Quelle horreur, il n'avait pas l'habitude, ses joues le piquaient.

"Dix personnes de plus à bord, c'est hors de question. On a pas la moitié des vivres nécessaires pour les transporter jusqu'à Malachite, et si on les fait monter à dix ils risquent de mal prendre le fait qu'on les fasse redescendre."

Dans un premier temps, puisque le navire en bas mettait son temps à couler il demanda si les survivants avaient pu sauver de leurs propres vivres.

"Je propose qu'on fasse monter les deux plus hauts gradés à bord pour nous expliquer leur curieuse aventure, et que les huit autres montent dans la barque de sauvetage, sans qu'on la détache complètement du navire bien entendu, le temps qu'on décide ce qu'on va faire d'eux. Avec un peu de chance un autre bateau va venir nous en débarrasser, mais que ce soit clair, ils payent leurs vivres ou ils ne mangent pas. Liz par hasard, y a-t-il une côte à moins d'un jour de trajet, si nous devons les déposer ?"

Il voyait bien que les hommes du bateau n'avaient aucune idée de qui ils étaient, ou du moins ils ne le montraient pas, mais cette histoire ne lui inspirait rien qui vaille.

Lambert haussa un sourcil et fit au capitaine :


- Ils survivront sans nourriture, et je pense qu'on a largement assez d'eau si on les rationne. Les faire payer, avec leur stock sous l'eau, risque d'être difficile.

Il attendait que quelqu'un aille les remonter, le faire, non merci.

Astrid se sentait mal à l'idée de laisser ces dix personnes mourir sans rien faire pour les aider. Un éclair de conscience ; elle voulait bien être impliquée dans des vols, des arnaques, elle voulait bien vendre du tabac en grande quantité, peu importaient les conséquences. Mais pas avoir des morts sur la conscience !

C'est pour ça que dès que le capitaine parla d'en remonter certains, elle se munit de bouées et cordages. Restait à savoir lesquels choisir. 
"Un peu d'aide ?", lança-t-elle.

Rethel, lui, ne se sentait absolument pas mal à l'idée de laisser ces dix personnes mourir sans rien faire pour les aider. Mais une embrouille comme celle ci, il préférait en connaître la raison.

Ainsi il va aider Astrid à remonter le plus haut gradé, le temps que les autres se bougent un peu le cul pour la barque, parce qu'il en avait honnêtement pas grand chose à carrer des neuf autres. Pas qu'il se soucie de l'état de santé de celui qu'ils remontent, d'ailleurs, il était prêt à le remettre à l'eau si nécessaire.

Ed se proposa pour filer un coup de main à Astrid. Après tout elle n'allait pas y aller seule. 

-C'est ton jour de chance on dirait! Lui lança-t-elle. Tu as gagné une balade avec le prince charmant !

Lizbeth s'approcha.
"Si vous nous la faites à l'envers, je vous renvoie a l'eau... en deux parties."

Astrid sourit distraitement à Ed ; "Je n'en espérais pas moins de toi!". (Restait à savoir si elle le remerciait pour son aide, ou pour la balade !)
Quoi qu'il en soit, il y en avait déjà un de sauvé!

Vous remontez avec succès le plus haut gradé, qui vous remercie et s'incline dans une petite révérence. Les autres s'agitent en bas. Ils attendent probablement votre secours.

_ "Commandant Douille, pour vous servir. Heureusement que vous étiez proches", soupire-t-il. "Cependant, je ne capte pas votre signal."

L'émissaire s'incline à son tour pour lui répondre.

_ "Émissaire Manvussa, en mission officielle au nom du souverain, Léonard IV Satrape." Il montre son mandat. "Les gens qui m'accompagnent sont corsaires. Si vous n'avez pas capté leurs signaux, c'est qu'ils n'ont pas accès au réseau. Racontez-nous plutôt ce qu'il vous est arrivé."

Le commandant acquiesce.

_ "Nous transmettions un message de la couronne à Laguna. Nous sommes protégés par la royauté. Cette attaque est incompréhensible." Il fait tourner sa moustache autour de son doigt. "Comme vous n'avez pas accès au réseau, autant que je vous prévienne. Nous ne sommes pas les seuls, plusieurs de nos vaisseaux ont rapporté être victimes depuis quelques jours. Et pas seulement des navires militaires. Certains transportaient de la marchandise." Il soupire. "Mais ce qui m'étonne le plus, c'est qu'il s'agisse de l'un de nos vaisseaux de guerre. Il n'apparaît pourtant pas sur le réseau, mais je me demande s'il y a accès..."

_ "Nos vaisseaux de guerre ?" S'étonne Manvussa.

_ "Cela fait un jour ou deux que certains vaisseaux de guerre, munis de notre technologie et arborant notre étendard, se retournent contre nous. C'est la panique sur tout le réseau."

_ "Comment est-ce seulement possible ?"

_ "Nous n'avons pas plus de données, outre que ces attaques ont toutes eu lieue entre Osharie et Malachite, et près de Laguna."

Manvussa semble totalement incrédule.

Le diplomate pondéra un moment puis proposa une explication : 


- Et si le soulèvement populaire à Malachite avait eu lieu plus tôt que prévu ? Ces nouvelles lois sur les taxes devaient aussi énerver les soldats, peut-être qu'ils se sont rebellés, ou que le gouverneur a décidé d'en profiter pour virer les nobles et prendre le contrôle.

Il marqua une pause, et poursuivit :


- En somme, il y a deux solutions qui me paraissent probable, soit le gouverneur de Malachite est un traître, soit une partie de l'armée de Malachite s'est rebellée et manifeste ça par de la piraterie sur des navires alliés, pas un plan intelligent, mais ça représente bien une réaction de peuple en colère.

Comme il le craignait, Malachite n'allait pas être une partie de plaisir malheureusement, aussi, il ajouta :


- Retirons notre étendard pour l'heure, c'est le plus sûr selon moi.

Manvussa acquiesce à ton intention, Lambert.

_ "Votre hypothèse du peuple en colère me semble tout à fait plausible. Cela dit, l'idée que le gouverneur de Malachite soit un traître est à écarter. Je le connais, c'est un homme loyal, et il me semble que la nouvelle politique d'imposition sert ses intérêts."

Le diplomate ricana :


- Si vous savez combien d'hommes bons et loyaux ont poignardé leur seigneur dans le dos ? On verra sur place en attendant.

Rethel avait trouvé le dialogue particulièrement hilarant et avait manqué de le faire savoir en explosant de rire par trois fois, la première étant l'ensemble de la personne de Douille -les dieux soient loués pour son nom de famille-, la deuxième à l'évocation de Léonard Satrape, parce qu'il n'arrivait jamais à conserver son sérieux devant ce nom même après des dizaines et des centaines d'écoutes, et la troisième et plus importante, à la mine déconfite de Manvussa lorsqu'il avait appris l'attaque alliée.
Néanmoins il réfléchissait et prenait en compte les informations apportées par le commandant.

"Au moins c'est un avantage de n'être pas connectés à votre réseau, si ces navires s'en prennent exclusivement aux autres vaisseaux Oshariens et ont votre technologie. Quoi qu'il en soit je suis d'accord en ce qui concerne le pavillon, ça ne me ferait pas de mal de le voir disparaître."

D'un côté il n'y avait pas énormément de bateaux d'un autre pays que l'Osharie puisque celle ci contrôlait la majorité des terres émergées. Mais après tout, la contrebande ou même les bateaux de commerce inter-cités n'arboraient pas le pavillon royal à chaque déplacement.

"En attendant, j'imagine que nous n'avons d'autre choix que de continuer vers Malachite et tenter de nous faire discrets."

Il passa la tête par dessus la rambarde pour regarder les neufs péquenots restants couler doucement mais inexorablement vers les profondeurs sombres et pleines de microbes de l'oubli, souriant et en leur faisant des petits signes de la main style "bye bye".

Après quoi il laissa planer deux minutes avant de commencer à défaire les liens qui maintiennent la barque à hauteur de coque, gardant ceux qui la tiennent attachée au bateau. Au pire, il leur passerait un filet de pêche, juste pour éviter de supporter leurs cris affamés sur les trois derniers jours du voyage jusqu'à Malachite. Mais ils ne toucheraient pas un gramme de leurs réserves de nourriture à moins que quelqu'un ne prenne sur sa part.
Et encore, il lui coûtait de ne pas les laisser mourir comme les hérissons qu'ils étaient sur l'autoroute de sa conscience, mais il se disait tout de même que tant qu'il n'avait pas recouvré sa liberté mieux valait ne pas risquer une autre condamnation dès sa libération.

Ed passa la tête par dessus la rambarde.

-Je pense qu'ils vont se taper un méchant coup de soleil le temps d'arriver là-bas. Et ils vont avoir un peu faim aussi... 

Il leva les yeux cherchant l'approbation du cap'tain sur cette dernière théorie. De ce qu'il savait, leur vivres étaient déjà peu, le rhum encore plus. 

-Vous croyez qu'ils ont réussi à sauver des trucs de valeur? On pourrait peut-être les leur échanger ou leur prendre... gentiment...

Lizbeth grogna et regarda Rethel détacher le bateau. Si ça aurait été elle le capitaine, les échoués auraient rejoints leurs potes mort au combat, a quinze mille lieux sous les mers.
"détachons ce maud... Ce pavillon... Il va nous attirer que des ennuis."
Elle réflechissait à ce qui se passait. Selon elle, soit le peuple s'était retourné contre eux, soit le roi Saporte... Enfin, Satrape, tentait un coup d'état.

Manvussa vous toise d'un air sévère.

_ "Pirates que vous êtes ! Ces pauvres innocents..."

Les réfugiés quand ils voient la barque descendre, se précipitent dedans comme des immigrés mexicains face à la frontière américaine. Plusieurs manquent de tomber à l'eau en se poussant entre eux.

Le commandant Douille soupire.

_ "J'imagine que je devrais signaler que nous sommes saufs, afin d'éviter d'ameuter des vaisseaux de secours..."

Il sort son dispositif de communication et commence à pianoter dessus.