De la neige tombait doucement sur une grande forteresse adossée aux alpes suisses. Aux tours rondes assez petites coiffés de modestes clochers, avec un donjon carré directement construit contre la montagne, c'était surtout sa murailles crénelée qui trahissait sa construction datant du haut moyen-âge.
Des torches en éclairait chacune de ses meurtrières, lui donnant ainsi un air impressionnant grâce à l'habile jeux d'ombres et de lumières composé par son propriétaire.
Bien loin d'être de la taille de Poudlard, il s'agissait surtout là d'une petite forteresse, bien que l'effort d'architecture pour le construire ici était bien réel. Surtout pour y faire passer la gigantesque chute d'eau qui déversait ses flots dans la crevasse adjacente, directement sous l'une des ailes de la forteresse.

Le paysage attenant relevait de la carte postale.
De nuit on apercevait, découpé dans le ciel sombre, les impressionnants pics qui entourait l'endroit. Une crevasse assez impressionnante séparait la montagne ou le château était posé et celle d'en face, dans laquelle on pouvait apercevoir les eaux sombre d'un torrent alimenté par plusieurs chutes d'eau et le glacier gigantesque qui se trouvait plus haut. 
Les eaux enragées déboulaient entre les montagnes jusqu'à une grande vallée que l'ont pouvait apercevoir à travers les flocons grâces aux lueurs émise par la civilisation.

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Nathan émergea en premier de son transplanage, dans un petit éclair lumineux accompagné d'un grondement sourd. La neige du chemin qui grimpait doucement vers les grandes portes fut soufflé, tout comme les flocons qui tombaient lascivement du ciel.
Le jeune homme soupira doucement pour essayer de modérer le stress... c'était là première fois qu'il allait à ce genre de soirée, son père ayant toujours catégoriquement refusé d'y aller. 
"C'était remplis de tête à claque qui ne voyaient pas à dix mètres... C'était ça que je disais non?" 
Nathan sursauta quand il entendit la voix de son père raisonner dans ses oreilles. Tout ses poils se dressèrent, et regarda brusquement autours de lui en pointant sa baguette dans le vide.
"Tu... N'es que mon imagination."
Seul le sifflement du vent lui répondit. Le jeune homme souffla longuement pour calmer ses esprits, et il rabattu sa capuche de plume sur la tête, en attendant ses assistants.

Joshua atterrit sans encombre. Une bourrasque lui rappela très vite une autre raison de ne pas faire coller ses vêtements à sa peau. Il ne montra rien de son inconfort, quoiqu'il se rétracta très légèrement sur lui-même. Comme toujours immobile, il ne prit pas la peine d'essuyer les quelques flocons de neige qui lui tombèrent sur les cils et les cheveux.

Il observa les alentours. Pas qu'il fut là pour le tourisme, quoique l'endroit était impressionnant, mais il tentait de noter quelques échappatoires et emplacements stratégiques potentiels, au cas où les choses tourneraient mal et le transplanage serait inenvisageable. De vérifier s'il y avait du danger, également. Il ne se laisserait pas duper par la quiétude de l'endroit.

Lorsqu'il eut fini de scruter les alentours, il se tourna vers Nathan, attendant silencieusement son signal pour avancer.

Elena arriva finalement, atterrissant gracieusement à côté de ses acolytes. Evidemment, il neigeait. Elle rabattu sa capuche sur sa tête en grommelant, elle détestait ce temps. Elle prit à peine le temps d'admirer les alentours, ça ne servait à rien de rester planter là, de toute façon elle était déjà venu ici étant petite.  

"Désolé de vous avoir fait attendre, allons-y," dit-elle en attrapant le bras de Nathan.

Joshua ne put s'empêcher de fixer le bras de Nathan, alors qu'Elena le tenait. Ce n'était pas la première fois que la jeune femme se montrait familière, mais le loup garou en restait toujours aussi incrédule. Il ne lui en voulait pas, évidemment, là n'était pas sa place. A vrai dire, il lui serait même plutôt reconnaissant de tester les limites du maître, plutôt qu'il ait à le faire lui-même. Pas qu'il lui vienne à l'esprit de prendre son bras, mais il savait au moins qu'il pouvait accepter de petite familiarités.

Le loup garou opina, avant d'avancer vers le château à leurs côtés. C'était une atmosphère étrange que celle de ce lieu, ou peut-être était-ce la nuit et la neige qui lui faisaient cet effet. Dans tous les cas, il n'avait pas l'impression de s'y sentir bienvenu. Il se savait parfois trop prudent, et n'en fit pas grand cas. Les vieux sorciers nobles vivaient rarement dans un environnement chaleureux ou confortable, préférant montrer leur richesse et leur puissance. Joshua ne pouvait commenter ; pour lui, il eut été stupide de rester au même endroit trop longtemps, fut-ce un château ou une bicoque.

Lorsqu'ils arrivèrent devant la grille de la forteresse, le loup garou s'étonna de constater que la grille s'était levée d'elle même, sans qu'ils aient à annoncer leur arrivée. Bien qu'il n'en montra rien, il s'agita un peu. Comment savaient-il qui accueillir ? Y avait-il des legilimens parmi le personnel, ou une carte des lieux ? L'invitation de Nathan était-elle magique ? Il se maudit de ne s'être pas renseigné auparavant, afin de pouvoir se débarrasser de ce genre d'interrogations. Devant la grande porte, une silhouette. Joshua s'imaginait qu'elle était là pour les accueillir.

Un homme d'âge mur, dans une tenue de majordome, leur fit une petite révérence. "Bienvenue. Je vous en prie, entrez ; laissez-moi donc le soin de m'occuper de vos affaires."

À l'intérieur, la température était bien plus supportable. Tandis qu'on les débarrassait de leurs manteaux, Elena observa les alentours. Le hall était immense, avec des colonnes immenses, des lustres démesurés, le carrelage aussi brillant qu'un miroir. Un énorme escalier avec les rambardes en or massif se présentait à eux, couvert d'un tapis de velours pourpre. Tout était immense, exagéré, dans le seul but d'exposer sa richesse. C'était un décors qu'elle connaissait bien, c'était toujours pareils chez les riches sorciers. Au moins, c'était correctement éclairé. Elle ne s'y attarda pas vraiment sur tout ça, il n'y avait aucun intérêt. Le majordome avait confié leurs affaires à un domestique. 

"Si vous voulez bien me suivre... Le maître vous attend avec impatience." dit-il dans une nouvelle révérence. 

Evidemment, la remarque était seulement pour Nathan, aussi Elena ne répondit pas. Parler aux domestiques n'étaient de toute façon pas nécessaire, sauf pour leur ordonner quelque chose. Le majordome les guida jusqu'à un long couloir avec des tableaux tout le long. C'était probablement pour impressionner les invités mais le majordome, au fur et à mesure qu'ils marchaient, leur expliquait l'origine et la confection globale des tableaux, à quel point donc ils étaient rares et chers. Même les habitants des tableaux étaient silencieux, dans une ambiance particulière. Elena n'écoutait pas vraiment.

Au bout du couloir, une porte massive se présentait à eux. À peine s'en étaient-ils approchés qu'elle s'ouvrit, dégageant des légères effluves de boissons et de nourriture, mais surtout de la musique classique. Le majordome les incita à passer la porte avec un sourire et sortit sa baguette pour la poser sur sa gorge, au fur et à mesure que les trois mangemorts entrèrent. 

"Nathan Avemignis !" 
"Elena Iberians !" 
"Joshua Campbell !"

La porte se referma derrière eux sans un bruit, le majordome disparaissant derrière, près à accueillir de nouveaux invités. 
Leur arrivée avait provoqué un petit brouhaha parmi les personnes présentes. Un homme d'âge mûr, un grand sourire sur son visage déjà un peu rouge, ses cheveux argentés plaqués en arrière et une coupe de champagne dans la main s'approcha d'eux.

"Avemignis ! Enfin te voilà !" 

Il leva sa coupe pour le saluer, non sans quitter son sourire.

"Tout le monde avait hâte de te rencontrer. Je vois que tu es venu accompagné !" dit-il en leur jetant un regard. "Je suis Edgar Lefeuvre, soyez la bienvenue dans ma modeste demeure. Miss Iberians..." 

Il attrapa sa main pour la baiser doucement.

"Vous avez bien grandi depuis la dernière fois. Vous êtes devenue une vraie beauté. Vous ferez passer mes salutations à votre mère, une femme merveilleuse. Merci d'être venue."
"Tout le plaisir est pour moi," répondit Elena en s'inclinant légèrement.
"Quant à vous... Je ne crois pas vous avoir déjà rencontré," ajouta-t-il en se tournant vers Joshua avec un regard presque dégoûté. 

Il n'attendit pas sa réponse pour se concentrer à nouveau sur Nathan. 

"Venez donc avec moi mon ami, il y a beaucoup de personne qui souhaitent vous parler ! Monsieur Degryffon s'est absenté il y a peu mais il ne devrait pas tarder à revenir, alors profitons ensemble de cette soirée, après tout elle ne fait que commencer..."

Il avait apostrophé un domestique pour lui prendre une coupe de champagne qu'il fourra dans les mains de Nathan avant de l'embarquer avec lui. Leur discussion se faisait distante au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient, et quand ils furent assez loin Elena se tourna vers Joshua.

"Tu me demandais ce que tu devais savoir ? Et bien voilà ma réponse : peu importe ce que ton interlocuteur te dit, ne lui fait pas confiance. Avemignis nous a dit d'éviter les discussions inutiles... Mais c'est le fondement même de ce genre de bal. C'est par là qu'il faut commencer. Tout le monde a le même objectif, tout le monde essayera de te brosser dans le sens du poil, ils finiront toujours par dire ce que tu veux entendre même s'ils en pensent tout le contraire, ils sont plus intelligents que tu ne peux le croire, alors ne te laisse pas avoir par leur petit jeu." 

Elle observa Joshua de haut en bas avant de pousser un soupir.

"... De toute façon je doute qu'on vienne te parler. Reste juste avec moi pour le moment, Avemignis devrait s'en sortir tout seul, profites-en pour garder un oeil sur tout le monde, je m'occupe de la parlote."

Si Joshua s’était plus ou moins intéressé aux tableaux des couloirs, il resta impassible pendant toute la durée de cette pathétique performance de cirque. Cette hypocrisie lui donnait la nausée, et il fut presque reconnaissant de voir l’homme n’ait pas tenté de lui baiser les mains et se soit tourné vers le maître à la place. Ce n’était certes pas la pensée la plus dévouée qu’il ait eue, mais il préférait que Nathan s’en charge plutôt que lui. Ainsi, il n’avait même pas à prendre la peine de répondre : c’était inutile, puisqu’il ne lui prêtait pas vraiment attention, et avait préféré disparaître dans la foule à la place. Lorsqu’Elena lui donna ses conseils, il leva un regard impassible vers elle.

"… Peut-être suis-je mieux adapté à ce genre de tâches que prévu, finalement." Il ne faisait confiance à personne, et certainement pas à de riches sorciers se prenant pour des aristocrates, lorsqu’ils n’avaient de noble que leur ego. Il savait parfaitement que tous les mots qui sortiraient de leur bouche seraient calculés et sans signification. Si la méfiance et le dédain étaient les qualités requises, pas de doute qu’il s’en sortirait très bien. Et il se contenterait parfaitement de laisser la jeune femme s’occuper des frivolités.

"Notre but est de dresser une liste, pas vrai ? Peut-être devrais-je t’en laisser le soin ; si je m’écoutais, je ferais purger la salle entière", murmura-t-il, après avoir longuement vérifié que personne ne pourrait l’entendre. Joshua était irrité. Pas qu’il le montrait ; il avait toujours l’air aussi détaché, bien qu’un léger froncement de sourcil pût être discerné, si l’on était observateur. Il ferma les yeux un moment. "Mais je laisserai ces sentiments de côté pour l’instant. Je jugerai les invités uniquement par leur niveau… d’utilité." Il connaissait quelques-unes de ces personnes, que ce soit réciproque ou non. L’échange d’informations était son domaine, et même la façon dont il a survécu pendant des années, après tout. "… Tu dis qu’ils sont plus intelligents que je puisse le croire, mais je dis qu’ils le sont moins qu’ils le pensent. Je serais prêt à parier que la plupart ne s’attendent pas que je sache quoi que ce soit sur eux, puisqu’eux ne savent rien de moi." Elena non plus, d’ailleurs, ne pouvait probablement pas s’imaginer qu’il connaissait certains invités. Il pouvait en reconnaître plusieurs, surtout ceux qui adhéraient pleinement aux idées d’Emerett Picardy. Il doutait que ces idées soient le souci de Nathan, ainsi ne les mentionnerait-il pas lorsqu’Elena et lui créeraient la liste. Il inventerait sans doute une autre raison pour les éliminer, cela dit. Il ne souhaitait pas voir sa position compromise par la faute de quelques imbéciles.

En parlant d’imbéciles, l’un de ces moucherons s’approcha d’eux. Sa démarche était droite et assurée, bien que ses joues soient rosies par le vin qu’il avait inévitablement dû consommer. Il pouvait le reconnaître ; d’Aubusson, un théoricien raté, aux idées proches de celles de Picardy, quoiqu’il fût bien moins reconnu. Il avait fait les journaux un temps, c’était d’ailleurs faute à cela que Joshua s’était renseigné sur lui. Mais le jeune homme suspectait que cela soit dû aux pots-de-vins qu’il avait payés et aux relations qu’il avait achetées, sans compter qu’il était controversé et s’adressait à une partie de la population qui ne souhaitait entendre que ce qu’elle pensait déjà. Dans tous les cas, ce n’était certainement pas la qualité de ses recherches.

"Seriez-vous mademoiselle Iberians ? Quel plaisir de vous rencontrer ! Vous êtes, sans l’ombre d’un doute, la lueur de la soirée." Il se tourna vers Joshua. "Et vous êtes ? Campbell, si j’ai bien entendu. Pardonnez-moi, je ne pense pas connaître votre nom. Je suis Gérard d’Aubusson. Peut-être avez-vous entendu parler de moi ?" Pour cela, il avait entendu parler de lui.

"… Enchanté. Joshua Campbell. J’ai dû vous lire, en effet", confirma-t-il après une petite révérence, l’air poli. Pas qu’il eut le temps d’élaborer, puisque l’homme se tourna à nouveau vers la jeune femme, un grand sourire aux lèvres.

"Eh bien, c’est toujours un plaisir de rencontrer l’un de mes lecteurs", répondit-il simplement. "Mademoiselle, auriez-vous l’amabilité de m’accorder cette dance ?"

Il n'était pas sûr de bien s'en souvenir, mais il lui semblait que l'homme était marié. Joshua restait impassible, et ne montrait aucune intention d’aider Elena. Elle s’en sortait très bien par elle-même, après tout. Peut-être lui porterait-il assistance si les choses tournaient mal, mais cela l'étonnerait beaucoup. Un simple sac à vin, rien de plus.

Elena leva un sourcil à la remarque de Joshua. Effectivement, elle ne s'attendait pas à ce qu'il connaisse les personnes présentent, tout du moins pas juste en les voyant. Mais elle était contente de voir qu'il ne se laissait pas décontenancer - cela confirmait l'idée qu'elle se faisait de lui. Quelqu'un de sensé et réfléchi, qui avait toujours sont utilité, peu importe la situation.

"Tant mieux," lui avait-elle chuchoté. "Ça veut dire que tu as l'avantage sur eux." 

Elle se tut en voyant l'homme arriver, décrochant son plus beau sourire. 

"Enchanté, Monsieur d'Aubusson. Si vous continuez à me flatter ainsi, je risque de prendre la grosse tête," gloussa-t-elle. Elle attrapa la main qu'il lui tendait. "Ce serait un plaisir de pouvoir accompagner un homme aussi brillant que vous le temps d'une danse. J'ai beaucoup aimé vos écrits. " 

Il lui rendit son sourire et l'accompagna sur la piste de danse. Leur échange n'eut rien de passionnant, Elena l'écouta parler principalement parler de lui-même, ponctuant le tout de faux compliments. Après un petit moment, il se mit à avoir les mains baladeuses. Elle ne fit aucune remarque, au contraire elle le laissait même faire. Elle en profita pour lui poser quelques questions, s'il comptait publier de nouveaux ouvrages, sur quels sujets, d'autres auteurs à lui conseiller... Elle put se faire une meilleure idée de ses idéologies et de son entourage. Evidemment, lui aussi lui posait des questions, sur elle, sur Nathan, même sur Joshua. Elle répondait avec d'autres questions, de toute façon il avait déjà trop bu. Elle continua à jouer le jeu encore quelques minutes avant de prétexter devoir se reposer. 

"Vous embrasserez votre femme de ma part," lui dit-elle. "Ce fut un plaisir, à une prochaine fois."

Il insista pour lui faire la bise et elle rejoignit Joshua avec un soupir.

"Une perte de temps." 

C'était tout ce qu'elle avait à dire. Il n'était pas un sorcier excellent, juste un esprit médiocre, pas même un peu d'ambition, tout ce qu'il voulait c'était profiter de sa richesse et de sa popularité. Les personnes de ce genre ne valaient rien, elles n'étaient bonnes qu'à crever, c'était ce qu'elle se disait. Au moins, elle avait pu se faire une meilleure idée des personnes présentes, et surtout, elle avait repéré les grosses têtes. Notamment Vincent Ardouin, un ami proche de Degryffon, accompagné de sa femme, Anne Ardouin, réputée pour être intransigeante. Avec eux se tenait Adrien de Guilloux, un sorcier puissant et intelligent mais surtout avec une bonne influence, étant membre de la Confédération Internationale des Mages et Sorciers qu'Elena avait déjà repéré comme un bon allié. Elle les désigna à Joshua d'un signe discret. 

"Allons-y."

Un léger agacement s’installa dans la poitrine de Joshua, cette fois dirigé entièrement vers l’imbécile. Ils perdaient du temps. Cet homme était déjà mort, de toute manière ; le jeune homme voyait mal l’utilité de jouer son jeu. Il resta immobile durant toute la durée du spectacle, attendant patiemment le retour d’Elena. Lorsqu’elle revint, il s’apaisa un peu, et acquiesça lorsqu’elle lui donna ses instructions. Il était d’accord. Il valait mieux se concentrer sur ceux qui pourraient valoir la peine d’être épargnés, pas le reste.

"… J’imagine déjà à quelle liste nous ajouterons celui-là". Aussi agaçant qu'il soit, Joshua était heureux que l'homme soit un idiot. Il lui avait servi son excuse sur un plateau. Pas même besoin d’inventer quelque chose pour l'éliminer. Il en fut soulagé pour un moment, avant que le doute s’installe à nouveau. Il hésita un moment, avant de poser la question qui lui était venue. "… L’as-tu vraiment lu, Elena ?" Joshua ne doutait pas qu’il était possible de le lui faire croire, même sans cela.  L’homme était imbu de lui-même, et préférait sans doute parler de lui, plutôt que vérifier les connaissances que l’autre avait de ses écrits. Cela dit, si la jeune femme l’avait bien lu, il devait savoir pourquoi, quitte à le lui demander directement. Il préférait assurer ses arrières sur tous les plans.

Cependant, il réalisa très vite qu’en discuter maintenant ne serait pas la solution la plus efficace. Il avait tout le temps de parler avec Elena, après tout, mais un temps limité pour compléter leur mission. "… Non, laisse tomber. Ne réponds pas. Discutons-en plus tard." Il suivit la jeune femme, les mains dans les poches par réflexe. Il ne remarquait pas vraiment qu'il le faisait : c'était souvent là qu'il gardait sa baguette, et accessoirement, cela le rendait moins stressé.

Elena jeta un regard en travers à Joshua. Qu'insinuait-il ? Elle n'aimait pas beaucoup le ton qu'il avait prit, mais ce fut une sage décision de ne pas continuer sur le sujet, elle n'avait pas la tête à ça pour le moment, les deux devaient se serrer les coudes. Elle ne lâcha donc pas un mot et se dirigea vers le petit groupe de trois d'un pas assuré. Ils avaient l'air de discuter vivement, mais en les voyant arriver à leur hauteur ils s'étaient tus.

"Monsieur et madame Ardouin," dit-elle en s'inclinant légèrement avec un grand sourire. "Monsieur de Guilloux." Elle s'inclina à nouveau, avec plus de ferveur cette fois-ci."C'est un honneur de vous rencontrer, je suis Elena Iberians." Inutile de s'excuser de les avoir déranger, tous savait ce qu'elle voulait faire, et elle ne s'en cachait pas. 

"Nous avons entendu parler de toi oui..." répondit Anne Ardouin d'une petite grimace. "Une famille noble et prospère, mais des fréquentations... " Ses yeux glissèrent jusqu'à Joshua pendant une demi-seconde. "Disons, médiocre." Son mari se contenta d'hocher la tête.

"Médiocre ? Allons, j'ai entendu beaucoup de choses sur Avemignis, mais on ne l'a certainement jamais qualifié de médiocre..." répondit-elle d'un ton amusé. Evidemment, elle savait très bien qu'elle parlait du loup-garou. "Ce n'est pas ainsi que l'on parle de son Premier Ministre, je vous conseillerais de faire attention à ce que vous dites, si vous ne voulez pas de... problèmes."

"Hahaha... Calmez-vous donc, mes dames, nous sommes ici pour passer un bon temps, pas pour se lancer des éclairs," intervint Adrien de Guilloux. Il attrapa la main d'Elena pour y déposer un délicat baiser. "Vous êtes aussi ravissante que ce que l'on m'avait dit, peut-être même plus, je suis enchanté de faire votre connaissance." Il se tourna ensuite vers Joshua avec un grand sourire et inclina la tête en guise de salutation. "Et vous jeune homme, vous êtes Joshua Campbell, c'est bien ça ? Le fameux loup-garou." Il prit une pause, l'observant d'un œil malicieux. "Et bien, pour être honnête, c'est la première fois que je me retrouve face à quelqu'un de votre... espèce. Vous n'avez pas l'air bien dangereux, je suis très curieux."

Curieux. C'était le bon mot pour décrire Adrien de Guilloux. C'était un homme très ouvert d'esprit, réputé pour avoir son avis sur tout et savait garder son sang-froid dans n'importe quelle situation. Il était calme et posé, très réfléchi. Il était capable de vous sonder d'un regard mais il ne se contentait jamais de la première impression pour juger une personne. Cependant, le moindre faux-pas avec lui pouvait être fatal, il suffisait d'un petit mot, d'un geste qui ne le convienne pas et il se ferra un plaisir de vous écraser, avant même que vous ne puissiez vous rendre compte de ce qu'il pensait, car il cachait toujours son jeu. Que ce soit littéral, ou imagé. Cela peut sembler contradictoire, mais Adrien était un homme difficile à cerner, mystérieux dans un certain sens, on pourrait même dire imprévisible. Il était cependant rare qu'il "s'emporte" de cette manière, surtout en public. Elena avait beaucoup entendu parler de lui et de son caractère. Peut-être aurait-elle du prévenir Joshua, d'ailleurs, mais de toute façon maintenant c'était trop tard.

Joshua ne réagit pas aux insultes. Pas qu’il eut à cacher son énervement non plus ; il ne ressentait tout simplement rien. Il s’était attendu à ce genre de propos au moment où il était entré, après tout. Il faillit se sentir reconnaissant envers Elena, puisqu’elle aurait presque pris sa défense, mais il se doutait qu’elle essayait surtout de défendre son ego, et il ne lui en voulait pas. Il était tout à fait inutile de se lancer dans des débats avec ces gens-là, et la dernière chose qu’il souhaitait, c’était que le débat le concerne. "… C’est un honneur de vous rencontrer. Je m’appelle Joshua Campbell", les salua-t-il avec une petite révérence. Pour l’instant, il avait l’impression que tout allait bien.

Du moins, jusqu’à-ce que le troisième mentionne sa nature.

Bien qu’il n’en montrât rien, Joshua eut l’impression que le sol s’écroulait autour de lui. Il devait les éliminer tous les trois. Pas d’autre alternative. Bien sûr, il ne tenterait pas de les inscrire sur la liste : ils pourraient clairement être utiles à Avemignis, et il se douterait de la raison. Il devrait trouver un autre moyen. Un assassinat ? Joshua avait encore quelques tueurs à gage dans ses contacts, mais peu accepteraient un job qui consistait à tuer des sorciers aussi riches et influents. Du moins, pas sans une somme conséquente, que le loup garou n’avait pas, à moins qu’il pioche dans leurs fonds, ce qui était, évidemment, inenvisageable. Sans compter que, s’ils manquaient leur coup, ils pourraient se faire interroger, et révéler que Joshua les avait envoyés. Peut-être pourrait-il essayer l’imperium, afin que son assassin refuse de parler quoi qu’il arrive, et s’auto-détruise en cas d’échec ? Non, il y avait des contres à l’imperium. Beaucoup trop risqué.  Passé le rush d’adrénaline initial, il réalisa que si ces trois-là le savaient, alors ils avaient pu le dire à beaucoup d’autres. Et que plus il tentait d’étouffer l’information, plus elle risquerait de se répandre. Peut-être que, s’il jouait ses cartes habilement, il pourrait tenter de faire passer cela pour une simple rumeur.

Qui avait transmis l’information ? Il pouvait soupçonner ses anciens employeurs, Elena, et Nathan. Ses anciens employeurs avaient aisément pu le reconnaître, et peut-être vendre son secret ; mais ce serait mettre en danger une alliance possible, quoiqu’il ne le pense pas improbable. Elena… Elena n’avait pas beaucoup de raisons de le faire. Peut-être tentait-elle de le déstabiliser afin de le pousser à faire une erreur, et de s’assurer une place plus importante auprès du maître ? Peut-être. Quant à Nathan… peut-être tentait-il de le fidéliser, et de lui couper ses moyens de s’enfuir. Après tout, la nature de son organisation n’était pas la même que celles pour lesquelles il avait travaillé auparavant. Ils étaient beaucoup plus… publics, et le maître montrait ses suivants au grand jour comme s’il en était fier. Peut-être voulait-il le mettre en avant comme son chien personnel, lui montrer qu’il n’avait pas honte de sa nature, et l’appréciait même, pour pousser Joshua à l’admirer. Tout de même, la plupart de ses employeurs avaient réalisé à quel point il serait stupide et contreproductif de révéler son secret, alors qu’il était bien plus efficace quand personne ne le connaissait. Peut-être qu’accepter cette promotion était la pire idée qu’il ait eue.

Restait à choisir sa réponse. Devrait-il prétendre que tout cela n’était qu’une rumeur ? Mais si Nathan l’avait confirmé en personne, alors Joshua se mettrait en danger. Si c’était une taupe quelconque, en revanche, alors il ferait mieux de prétendre que rien de tout cela n’était vrai. Incapable de choisir, il finit tout simplement par faire les deux en attendant le maître. "… La plupart des esprits scientifiques s’accordent à dire que les loups garous sont des bêtes, qui perdent leur sens moral en même temps que leur humanité, et ne peuvent se tenir en société." Il avait dit cela d'un ton légèrement offusqué, pas assez pour paraître agressif. Cette phrase pouvait être prise de plusieurs façons. On pouvait penser qu’il disait qu’il n’était pas un loup garou, et qu’il s’offusquait à l’idée qu’on puisse le comparer à eux. La deuxième interprétation était qu’il défendait son espèce. Enfin, la dernière était une menace voilée. "… Ne croyez pas toutes les rumeurs." Cette phrase servait le même but : on pouvait penser qu’il leur disait de ne pas croire à la rumeur qui disait qu’il était un loup garou, mais aussi penser qu’il en était un, et leur disait de ne pas croire aux théories d’Emerett. De toute évidence, la plupart des gens comprendraient qu’il n’était pas un loup garou, mais si d’aventure l’information venait de Nathan, il pourrait dire qu’il n’avait jamais prétendu ne pas en être un.

Nathan regarda la coupe de champagne que l'homme lui avait fourré dans les mains avec un œil circonspect... Qu’était-ce donc ces manières? Il se mit à le suivre sans trop écouté son interlocuteur, et toujours en regardant le champagne. De toute manière, les paroles que débitait Edgar Lefeuvre étaient sans fond, plates et remplies de félicitation appréciables mais vide de toute sincérité.
L'homme traversa la salle de bal pour les faire bifurquer dans un autre couloir toujours aussi ennuyeux, remplis de tableaux sublimes aux occupant à l'air triste. Nathan continua de marcher derrière son hôte jusqu'à une grande porte en bois massif, entouré de deux plantes vertes magnifiquement bien entretenues. 
"Entrez je vous en prie!" 
Fit Edgar en poussant les portes de son bureau, sans remarquer que Nathan avait renverser sa coupe dans les plantes, d'un geste discret, avant de le suivre.
 
Edgar Lefeuvre s'assit dans le grand fauteuil noir disposé derrière l'encore plus grand bureau noir, au centre de la pièce ronde aux murs couverts de bibliothèques d'une taille invraisemblable... 
L'homme inspirait, aux premiers abord, un charisme que l'on ne pouvait ignorer. Éminent mage Français à l'origine de la créations de trois nouveaux hôpitaux suites aux années sombres, afin de soigner tout les dommages que la guerre avait laissé. Un homme plutôt bon en soit, qui avait réussi assez facilement à se ranger vers du côté des "gentils". 
Seul Hic? La vérité était plutôt que certains de ses fonds personnels avaient permis d'alimenté les caisses des mangemorts afin d'envenimer la situation un maximum, et être le plus rentable possible avec ses hôpitaux, et gagner ainsi un maximum d'argent.
L'affaire avait été découverte quelques années auparavant, mais il avait réussi à faire porter le chapeau à quelques un de ses associées. Et compte tenue de sa popularité, en raison des avancées en médecine magiques que ses services avaient mis au point... Il s'en était bien tiré.
En résumé... C'était un homme très intéressant. D'autant plus que c'était lui qui l'avait invité en personne.

"Monsieur le premier ministre! Asseyez vous!"
Fit Edgar en indiquant jovialement un minuscule fauteuil disposé de l'autre coté du bureau.
"Je vais rester debout, merci."
Répondit Nathan d'un air détaché, qui se dirigea vers l'une des bibliothèque.
"Très bien... Faites comme bon vous semble... Bien ! Parlons des choses qui fâchent !"
Edgar laissa un pause, le temps de sortir une pipe de son bureau, puis repris avec une voix bien moins joyeuse, tout en tassant son tabac.
"Votre manœuvre politique inattendue n'est pas restée discrète monsieur Avemignis. Loin de moi l'idée que je ne la cautionne pas bien sûre."
Nathan se retourna vivement vers son interlocuteur et dit sèchement
"Dans ce cas, pourquoi avoir invité Degryffon? Cet homme n'est-il pas un ami du fugitif le plus recherché d'Angleterre?" 
Edgar haussa les épaules, aucunement impressionné.
"Disons que je n'ai pas d'avis sur les récents événements... Et que tout cela m'importe peu. Enfin... Nous pourrions nous entendre sur quelques points je suppose."
Il alluma sa pipe d'un claquement de doigt, et tendit le paquet à Nathan, qui l'attira vers lui d'un coup de baguette.
"Vous savez... Moi, la politique, je ne m'y intéresse plus trop. Ce n'est plus de mon âge, et j'en ai eu ma dose. Cependant... Je sais de source sûre que vous allez bientôt vous attaquer à la France... Et que vous alliez surement frapper les hôpitaux..."
Edgar se redressa sur son grand fauteuil, se leva, puis s'approcha doucement de Nathan.
"Et vous savez que ça... C'est mon business. Aussi, je sais que m'écraser à genoux devant vous pour vous faire un numéro de pleureuse pour sauver mes affaires n'auront aucun effet sur vous."
Nathan haussa un sourcil en sortant une pipe de son smoking, et commença à la préparée. Edgar avait raison, mais il aurait tout de même apprécier voir son interlocuteur à ses pieds.
"Aussi... Je vais vous proposer un accord. Je vous donne quelques... Ressources, et vous ne touchez pas à mes propriétés. Par contre,Edgar prit un air sombre,si j'apprend que vous secouez mes affaires ou que ma personne est en danger, des 'mesures' seront prises."
Nathan haussa les épaules en allumant son tabac, tira un peu, puis laissa la fumée sortir doucement par ses narines.
"Est-ce une menace?"
"Disons plutôt un avertissement, monsieur le premier ministre"
Il y eu un silence pesant. Les deux hommes se regardèrent dans les yeux... Ils n'étaient plus qu'à quelques centimètres. 

Nathan avait beau avoir une puissance de frappe assez conséquente et, surtout, le pouvoir d'un pays, il n'avait pas vraiment les moyens de lutter sur plusieurs front. Faire tomber la France signifiait faire tomber quasiment toute l'Europe, mais le pays était relativement bien défendu. S'attirer les foudres d'un dirigeant puissant en plus reviendrait surement à provoquer l'échec cuisant de sa campagne... Et même à la fin prématurée de sa mission.
Cela dit... Edgar bluffait surement. Avec un charisme comme le siens, il pouvait se le permettre...
Le jeune premier ministre souffla de sa fumée entre lui et le puissant mage.
"Votre participation à cette noble mission que je m'efforce d'accomplir est honorable mon très cher frère."
Fit froidement Nathan, un peu courroucé. Edgar afficha un grand sourire sur son visage et posa sa main sur l'épaule de Nathan
"J'étais sûr que nous allions trouver un terrain d'entente !"
Du bout de sa baguette magique, Nathan fit glisser la main du mage de son épaule.
"Bien... sur ce, j'aimerais tout de même profiter un peu de votre hospitalité."
Dit-il en faisant volte-face vers la porte qu'Edgar ouvrit d'un claquement de doigt, toujours avec un grand sourire.
"Je vous rejoins sous peu."


Nathan sortit du bureau et ferma la porte derrière lui... Il souffla toute sa haine dans un long soupir puis réajusta le col de son smoking. Tout en silence, il remonta le couloir qui menait à la salle de bal. A mi-chemin, il claqua des doigts un majordome qui se tenait dans un encadrement de porte plongé dans la pénombre. 
"Monsieur?"
Avemignis s’arrêta à son niveau en perdant son regard vers la piste de danse, qu'il voyait un peu de là ou il se trouvait.
"Mon frère... Il se trouve qu'un de nos frère et sœur ait communiqué une information d'importance capitale à Lefeuvre.  Son jugement doit être effectué dans les plus bref délais. En ce qui concerne Edgar... j'attend de voir la participation qu'il propose à notre oeuvre... avant de l'écarter."
"Bien monsieur. Autre chose?"
"Non. Fait vite, je m'occupe de Degryffon. Tu peux quitter ton poste, nous nous occupons du reste."
"Bien."
Nathan laissa le Juge disparaître avant de retourner dans la salle de balle en fumant la pipe. Sa présence jeta un léger froid... Il remarqua à l'autre bout de la pièce un majordome qui le regardait intensément en servant une jeune femme en robe rouge carmin.

Il jeta un coup d’œil circulaire à la salle et aperçu ses frères et sœurs qui discutaient avec le couple Ardouin et monsieur Guilloux.
Il s'approcha nonchalamment d'eux, en traversant la piste dance sans faire attention à personne, et leurs adressa une grande révérence accompagné d'un sourire et d'un avenant : 
"mesdames et messieurs..."   
Malgré le fait que ces personnes faisaient partit de ses plus farouches opposants.
Opposants auquel il avait tout de même fait part de la nature de Joshua par l'intermédiaire du Juge, qui avait lui même délégué la tâche à recrue qui avait, très malheureusement, 'échoué' dans une de ses missions suivantes... Et avait donc été 'puni'.
Le tout pour assouvir une curiosité assez malsaine. Celle de voir comment Joshua encaisserait les critiques et déterminer une limite à sa patience. Il voulait aussi renforcer la confiance que celui-ci lui portait, en le défendant des personnes qui l'auraient éventuellement blessé... Comme un grand frère le ferait.

Elena avait quitté son sourire en entendant les paroles d'Adrien de Guilloux, mais était resté l'expression neutre. C'était là une information que très peu de personnes étaient sensés connaître, aussi fut-elle un peu surprise, mais elle ne resta pas étonnée bien vite. Après tout, les "secrets" parcouraient vite les grosses têtes, particulièrement pendant ce genre de fête. Comment l'information était acquise, tout le monde avait sa propre méthode, que ce soit par des taupes, des échanges d'informations, des trahisons, il était rare de cacher quelque chose dans ce milieu là, tout finissait toujours par se savoir. La réponse de Joshua avait été intelligente, même si Adrien avait l'air sûr de lui en affirmant qu'il était un loup-garou et le manque de réaction de la part du couple à cette évocation, prouvant qu'eux aussi avaient été mis au jus, rien n'était jamais sûr et confirmer ce genre de rumeur était toujours la pire des choses à faire. Mais cela voulait quand même dire qu'ils devaient trouver comment ils avaient eu l'information. Et rapidement.

Le couple Ardouin s'étaient d'ailleurs jeté un regard, communiquant tout les deux silencieusement sans que personne ne puisse savoir ce qu'ils se disaient. De Guilloux, lui, n'avait pas quitté son sourire. Après un très court instant il répondit :

"Ne m'en voulez pas. Il y a tellement de rumeurs qui tournent... On ne sait plus où donner de la tête." 
"Ce n'est pas avec des rumeurs qu'on dirige un pays," répliqua Elena en fronçant les sourcils. "Ou peut-être cherchez vous cette fois-ci à dénigrer l'entourage du Premier Ministre ? C'est vrai, après tout c'est plus facile de s'en prendre aux nouvelles têtes." 

Elle croisa les bras.

"Ce n'est pas avec des lâches comme Degryffon qui se cachent derrière des soirées mondaines que nous allons faire avancer les choses. Vous êtes une femme extraordinaire, madame Ardouin, vous avez toujours été une fervente partisane à cette noble cause et j'ai toujours admiré votre force, mais vous vous faîtes vieille. Depuis combien de temps n'avez vous pas réellement apporté une idée novatrice ? La vérité c'est que vous vous êtes rattachés à Degryffon dans l'espoir d'avoir plus de pouvoir encore, mais vous avez choisi le mauvais camp."
"Allons bon. À peine sortie des bras de sa mère, ça pense déjà révolutionner le monde. Parce que vous pensez peut-être qu'un petit coup d'état suffira ? Vous êtes intelligente, mademoiselle Iberians, nous savons toutes les deux que ça ne suffira pas. J'ai vu ce monde grandir et évoluer pendant des années, je suis à même de savoir ce qui est le mieux pour notre cause, ne croyez-vous pas ? Parfois, restez dans l'ombre est plus sage que de s'exposer ainsi. Et puis... Ce n'est pas avec des éloges pas chères que vous allez me faire changer d'avis."
"Ce n'est plus de manigances secrètes dont nous avons besoin, aujourd'hui, mais de véritables actions. Vous avez donné de votre temps, c'est grâce à vous si nous en sommes ici aujourd'hui, mais il est temps de vous écarter, désormais. De laisser la place aux nouvelles ombres." 
"Vous avez l'air bien sûre de vous, miss Iberians," fit De Guilloux, amusé. Ses yeux brillaient de curiosité.
"Sûre de moi ? Je l'ai toujours été. Dès l'instant où je l'ai rencontré, j'ai su qu'il ferrait de grandes choses. Notre futur dépendra de lui, et nous nous tiendrons à ses côtés pour l'avènement de sa prise de pouvoir. Il est le leader de cette nouvelle génération, peut-être même le plus grand sorcier de tout les temps."

Elle ajouta ensuite, d'un ton déterminé :

"Nathan Avemignis purgera ce monde."

Le concerné avait d'ailleurs choisi cet exact moment pour faire son entrée. Difficile de faire plus théâtral, si elle avait voulu le faire exprès elle n'aurait pas réussi.

"En parlant du loup !" s'exclama De Guilloux en s'approchant du nouvel arrivant pour lui serrer la main en guise de salutation. "Andrien de Guilloux. J'ai beaucoup entendu parler de vous."

Le couple Ardouin s'était aussi approché pour le saluer, et Elena en profita pour se rapprocher de Joshua. Elle était prête à l'incendier de question. Combien de personne au juste était sensé être au courant de sa nature, comment avait-il pu laisser une information aussi cruciale parvenir jusqu'à leurs opposants, est-ce qu'il avait pensé aux répercussions que cela pourrait avoir sur Avemignis... Mais elle ne fit rien. Là n'était pas le moment.

Joshua ne pensait pas les avoir convaincus, mais il avait peut-être instauré le doute, et cela lui suffisait. Ils n’avaient probablement aucune preuve, après tout. S’ils pouvaient seulement croire qu’il y avait une chance que sa lycanthropie soit une rumeur, cela lui suffisait. Il écouta le reste de l’échange dans un silence qui lui était caractéristique. Malgré lui, Joshua ne put s’empêcher d’afficher un sourire amusé. Elena, en des mots bien choisis, venait plus ou moins de traiter le couple de vieilles peaux. Un petit rire silencieux, qui sonnait presque comme un soupir, put être entendu lorsqu’elle se vint se tenir à ses côtés.

"… Une approche intéressante", fit-il d’une voix douce et amusée, presque comme s’il ne venait pas d’entendre la meilleure diatribe de sa vie. Malgré tout, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. Les menaces ouvertes étaient certes amusantes pendant quelques secondes, jusqu’à-ce que l’ennemi prenne des mesures drastiques et ennuyeuses. "... Je doute qu’ils aient voulu dénigrer l’entourage de notre estimé premier ministre. N’importe qui serait inquiet s’il pensait sincèrement qu’il gardait une bête incontrôlable auprès de lui." Il fit une petite révérence. "Permettez-moi, avec tout le respect que je vous dois, de balayer vos doutes. Il d’ailleurs bien dommage que nous ne puissions nous entendre, mais ainsi va la vie." La menace était présente, mais plus voilée. Il leur laissait au moins une chance de coopérer, au cas où Nathan le souhaiterait… pour le moment.

En parlant du loup, le maître finit enfin par se montrer, dans l’une de ces entrées au meilleur moment dont lui seul avait le secret. Joshua ne put s’empêcher de se sentir soulagé. Enfin pourrait-il ouvertement confirmer ou dénier la rumeur, en fonction de ce que Nathan avait prévu, au lieu de pratiquer cette épuisante gymnastique verbale. Accessoirement, il pourrait savoir si c’était le maître lui-même qui avait transmis l’information, auquel cas le loup garou se montrerait plus prudent à l’avenir.

Nathan serra franchement la main d'Andrien avec un grand sourire et fit une petite révérence.
"Je suis ravis d'entendre que l'on entend déjà parler de moi ! Enchanté de faire votre connaissance !"
Dit-il enjoué.
"On m’a aussi parlé de vous mon cher monsieur De-Guilloux… Un grand énergumène remplis de curiosité ! Je pense que l’on devrait bien s’entendre tous les deux !"
Le choix des mots était méticuleusement choisi pour jouer un peu avec la corde sensible de son interlocuteur qui, cependant, resta tout aussi sourire
"- Je n’en doute pas ! J’ai beaucoup appris de votre père et de ses fouilles archéologiques. 
- Ah oui ? Je serais ravi de vous en dire plus si jamais l’occasion se présente. Il se trouve que je l’ai accompagné moi-même sur certains sites et que je dispose d’anecdotes croustillantes ! Et aussi justifier mes présentes actions.
-Ah oui ?
-Bien sûr ! Il y a urgence, je vous le dis."
Andrien s’apprêta à répondre lorsqu’il fut coupé par Vincent Ardoin.
"Une urgence qui nécessite un coup d’état pas vrai ?"
 
Le sourire de Nathan disparu aussitôt, et il se tourna vers son interlocuteur à la voix sèche.
"C’était, en effet, une nécessité, mon cher Vincent. Ne vous en déplaise, l’immobilité de l’ancien premier ministre était criminelle envers le problème de fuite de magie."
Dit-il d’une voix froide, remplis de ferveur envers sa cause.
Les deux hommes se dévisagèrent et aucun d’eux ne vint se serrer la main.
"-Nous faisions de notre mieux, et il n’y avait absolument aucun problème. Le seul problème, c’est vous, monsieur le premier ministre. 
-De votre mieux hein. Je ne suis pas du tout convaincu par les parole d’un parvenu comme vous… L’un des parvenus parmi tant d’autre. Il était aussi clair pour moi, ainsi que pour une grande partie des mages anglais que le ministre n’a jamais sus s’entouré, et que le pays s’enfonçait dans une bureaucratie lente et archaïque. Vous n’étiez même pas anglais… En France ils n’ont pas voulu de vous donc vous vous êtes tourné vers l’Angleterre pour vous caser."
Le visage de Vincent rougit, et une grimace s’afficha sur son visage, tandis que ce fut Anne qui repris la parole, avec une voix virulente, en pointant du doigt Joshua.
"Vous critiquez l’entourage de l’ancien premier ministre, mais le nouveau s’entoure de monstres qui n’ont aucune place dans la société."
Ce fut au tours de Nathan de rougir de colère subitement. Il porta sa main à la poche et fit un pas vers Anne qui recula de peur avant que son mari s’interpose entre eux.
"Vos idées arriérées me déplaisent au plus haut point chère Anne. Premièrement, vous n’avez aucune preuve de ce que vous avancez, et ensuite, ce jeune homme est suffisamment efficace pour faire le double de votre travail au côté de son premier ministre."
 
Nathan pris une grande inspiration en toisant les deux Ardoin, et se retourna en souriant vers
Andrien, qui regardait la scène avec des yeux brillants.
"Les petites pics politiques… un véritable plaisir"
Fit Nathan doucement, tandis que quelques étincelles bleues commençaient à flotter derrière le couple
"-Je vous enverrais une invitation mon cher Andrien, si vous souhaitez discuter plus en détail des recherches de mon père et de mes convictions. Pour en discuter il faudrait qu’on le fasse au calme. 
-Avec joie mon cher."
 
De Guilloux s’écarta et Nathan alla rejoindre Joshua avant de lui intimer à l’oreille avec une voix tremblante de fureur.
"C'est quoi ce bordel... Comment savent-il?"

"Ce n'est pas le moment !" l'interrompit sèchement Elena, en chuchotant.

Elle était agacée. Non pas envers Joshua, et encore moins envers Nathan, mais envers la situation. Son agacement pouvait se lire sur son visage comme un panneau clignotant, et elle le savait, aussi faisait-elle de son mieux pour se calmer, mais c'était difficile. Elle ferma les yeux et poussa un soupir pour reprendre un ton neutre.

"Ici, les murs ont des oreilles. Aucun endroit n'est sûr, alors pas un mot sur cette histoire avant d'être de retour à la base," ajouta-t-elle, toujours d'une voix basse.

Elle qui pensait être prête à tout... Pour avoir trempé la dedans toute son enfance, elle aurait du s'en douter. Que pouvaient-ils savoir d'autre ? Elle n'avait pas grand chose à craindre pour elle même, son secret n'ayant rien d'un secret si on s'y intéressait un minimum, et surtout elle avait toujours été franche sur le sujet. Mais qui sait ce qu'ils pouvaient encore dire sur Joshua, ou même Avemignis ? Etant la seule a avoir, disons, de l'expérience dans le milieu, elle se donnait encore plus de responsabilités. Avemignis avait l'air de bien s'en sortir, mais il n'était pas non plus à l'abris d'une gaffe, elle devait faire de son mieux pour empêcher cela. Elle commençait à avoir un mauvais pressentiment. 

"Quelque chose ne va pas..."

Soudainement, elle réalisa. Ce qui n'allait pas depuis le début. Degryffon. Où était-il ? Il avait disparu juste avant leur arrivé et n'était pas réapparu depuis, cela devait pourtant faire une bonne demi-heure, peut-être trois quart d'heure. Pour un invité principal, cette absence était trop longue. Qu'est-ce qu'il mijotait ? Les Ardouin venaient de disparaître, eux aussi. Tous ses sens se mirent en alerte, ses yeux balayant toute la salle de mouvements suspects. Prévoyaient-ils une attaque ? Qui d'autre était dans le coup ? Quand allaient-ils frapper ? Quand elle vit le couple, simplement dissimulé par trois autres personnes, en train de discuter normalement, elle se calma. Non, la réputation d'Avemignis le précédait, Degryffon n'était pas assez puissant et stupide pour essayer de l'affronter en face à face, même s'il avait prévu des renforts, il n'aurait jamais osé. 

Elle inspira et expira, les battements de son cœur retrouvant un rythme régulier. Elle s'était laissé avoir et avait perdu son sang-froid, laissant place à la paranoïa, mais elle avait réussi à retrouver ses esprits. Elle avait oublié à quel point les bals diplomatiques pouvaient être épuisants psychologiquement. Il faut dire qu'elle n'en avait pas fait depuis quelques temps maintenant, elle avait perdu la main. 

"Je dois aller aux toilettes, je reviens," confia-t-elle à Avemignis.

Et elle s’éclipsa sans attendre sa réponse.

Joshua était resté tout à fait calme et inexpressif lorsque la femme l’avait accusé d’être un « monstre n’ayant aucune place dans la société ». Il n’avait pas besoin de se retenir non plus : encore une fois, il n’avait rien ressenti. Il avait entendu ces choses pendant presque toute sa vie, et ces personnes ne le gênaient pas vraiment. Ce ne serait pas la dernière fois qu’on l’insulterait de cette manière non plus. S’il devait y attacher des émotions, il ne s’en sortirait plus.

Ce à quoi il ne s’attendait pas, en revanche, c’était de voir Nathan s’énerver à cause de cela. Plus que s’énerver, à vrai dire. Faire un pas vers l’importune, et manquer de sortir sa baguette. Il écarquilla les yeux, sa mâchoire tomba, et ses joues prirent une légère teinte rosée. Un mélange de peur, d’embarras, et de surprise. Est-ce qu’il venait de le… défendre ? Et ce n’était pas tant qu’il ait réagi. Il eut été normal qu’il réponde par une petite pique bien placée. C’était que sa réaction était différente. Presque excessive. Pourquoi être se montrer agressif face à une remarque aussi triviale ?

Non, impossible que cela soit par esprit protecteur. Pas que Nathan soit la première personne à s’énerver pour lui, mais pas le maître. Impossible. C’était sans doute que si leurs ennemis connaissaient le secret de Jonathan, cela risquerait de poser un problème. Sa colère était donc dirigée en partie contre le loup garou, et il allait lui demander des comptes. Il n’y avait pas d’autre explication. Une peur viscérale prit Jonathan aux tripes en attendant la confrontation. Lorsqu’il entendit la voix furieuse du maître tout près de son oreille, il fut parcouru d’un frisson terrible. Il se crispa, tourna la joue, et ferma les yeux, très fort, comme s’il s’attendait à se faire frapper, ou pire.

"Je… ne sais pas… monsieur", balbutia-t-il doucement, comme s’il cherchait à l’apaiser. "Vous et Elena étaient les seuls… peut-être m’a-t-on reconnu…" Ses mains tremblaient. Il détestait quand cela arrivait. Il fit de son mieux pour calmer ses muscles, mais plus il tentait de les détendre, et plus ils repartaient dans des crises de spasmes. Il jura contre lui-même dans sa tête.

La remarque d’Elena le ramena très rapidement à la réalité, et il ouvrit les yeux d’un coup. Venait-elle de donner un ordre à Nathan ? Il lui était reconnaissant de l’avoir stoppé avant qu’il continue son interrogation, bien sûr, mais s’étonnait toujours de son aplomb. Était-il le seul à remarquer le danger ? Il lui semblait bien, au vu de l’assurance avec laquelle d’autres parlaient au maître. Pendant un moment, Joshua se sentit comme s’il devenait fou, et il douta de sa propre perception. Il mit une main sur son front, comme s’il était pris d’un mal de crâne.

Lorsqu’elle remarqua qu’il y avait « quelque chose qui n’allait pas », les sens de Joshua voulurent se remettre en alerte, mais ils étaient déjà tous focalisés sur Nathan. Il regarda tout de même autour de lui, confus, comme s’il voulait comprendre d’où venait le danger. Sa confusion mentale redoubla de violence lorsqu’Elena demanda à aller aux toilettes. Il se tourna vers le maître, le regard appréhensif, comme s’il attendait un ordre.

Nathan fut d'abord surpris de recevoir un ordre de la part d'Elena et hésita à l’exécuter sur le champ. Mais il dû admettre qu'elle n'avait pas tort. Il y avait trop d'oreille ici... et le secret qu'il voulait plus comme une machination pour vraiment asseoir sa domination sur Joshua pouvait dégénérer. 
Aussi, il vint passer son bras dans le dos du loup garou et posa sa main sur son épaule afin de l’amener dans un couloir désert non loin.

Nate lâcha le loup garou et se mit face à lui, avant de les entourer d'étincelles bleues qui vinrent former un Sourdinam autours d'eux pour filtrer leurs voix. 
Il soupira longuement pour se calmer, et posa sa main sur l'épaule de Joshua, en plantant ses yeux au pupilles inégales dans ceux de Josh.
"Mon frère... je ne laisserais personne dénigrer mes associés... Nous réglerons le problème ensemble dans peu de temps, et si possible dans les prochaines heures."
Il vint attraper une main tremblante de Joshua, et la mit dans ses mains, tout en lui souriant.
"Cesse d'avoir peur. Je ne vais pas te manger... Je me suis juste laissé emporté. C'est à cause du stress. C'est ma première soirée mondaine et..."
Du coin de l’œil, il vit la femme en robe carmin se déplacer. Elle ne parlait pas. Elle observait juste. Quelque-chose n'allait pas.

Le visage de Nathan se raffermit et il lâchât la mains de Joshua. Sa voix se fit aussi plus sèche et froide
"...Moi et le juge nous chargeront de ce problème de fuite de renseignement... En attendant, retournons donc à cette soirée... En espérant que ça se passe un peu mieux."
Le Sourdinam tomba, et Nate sortit sa pipe qu'il ralluma d'un claquement de doigt, avant de se diriger à nouveau vers la salle de bal dans un nuage de fumée... Cette fois en essayant de retrouver la femme en rouge.

(Le texte italique est dit en français, parce que j'imagine qu'on parle anglais ?)

À peine Elena était-elle sortie de la grande salle de bal qu'elle croisa Degryffon dans un des innombrables couloirs du domaine. Passant sa main dans ses cheveux d'un geste décontracté elle s'était figé en le voyant. Lui aussi s'était arrêté en la voyant et l'examinait de haut en bas, le visage neutre. Après ce qui lui paru être une éternité, il ouvrit finalement la bouche.

"Iberians..." 
 
Elle baissa sa main pour se redresser légèrement.

"Degryffon." 

L'homme s'approcha d'un pas félin pour lui prendre la main, ses lèvres frôlant à peine sa peau.

"Vous décidez enfin d'arrêtez de vous cacher ?"
"Et toi, tu nous quittes si tôt ?" 

Elle ne répondit pas. Il sourit.

"Fais vite, je me réserve une danse avec toi," dit-il en posant sa main sur son épaule avant de passer à côté à d'elle pour rejoindre la grande salle.

Elena jeta un coup d’œil derrière elle en reprenant son chemin mais il avait déjà disparu. La vérité c'est qu'elle avait déjà eu une histoire avec Degryffon. À l'époque, elle n'avait que 15 ans, jeune, traitée comme une princesse. Elle participait aux soirées mondaines avec sa mère qui ne la traitait que comme un trophée, une création, le fruit d'une union sans amour, dans le seul but d'avoir une succession forte et intelligente, utile, pour continuer la descendance fructueuse de la famille Iberians. Elena n'avait pas vraiment de problème avec ça, l'amour maternel était un concept qui n'avait jamais existé dans cette famille, elle était même plutôt contente d'être constamment sur le devant de la scène, les adultes lorgnaient sur elle, désireux d'en faire une allié vu le potentiel qu'elle présentait. Certains étaient admiratifs, d'autres jaloux, et d'autres encore voyaient une petite fille à la peau douce et aux joues roses, si appétissante... Degryffon faisait parti de cette catégorie là. Il n'avait pas été le seul, évidemment, mais la liste n'était pas bien longue : seulement trois noms. 

Elle ne s'en était jamais plaint. Sa mère lui avait toujours dit que parfois il valait mieux se laisser faire, aller dans le sens du courant pour avoir ce qu'on voulait, et même si elle lui avait dit, elle n'aurait pas fait grand chose. Offrir son corps en échange d'informations, de partenariat ou autre, c'était courant, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes. Elena n'était pas spécialement traumatisée, elle avait été consentante tout le long, mais c'est sa fierté qui avait été touchée. En grandissant, elle avait réalisé qu'elle avait juste été stupidement manipulée, ils avaient certes réussi à signer un gros contrat grâce à cela, mais elle estimait que ça aurait pu être le cas autrement. Si elle avait été plus intelligente et réfléchie à ce moment là, elle ne se serait pas faite avoir et aurait quand même réussi à faire signer ce contrat, ce n'était que le résultat de son manque de compétence. En venir à utiliser son corps pour parvenir à ses fins, c'était une technique comme les autres, mais elle s'estimait désormais suffisamment compétente pour ne pas en venir à avoir recours à la facilité. 

Pour faire simple, elle n'en voulait pas à Degryffon pour être ni plus ni moins qu'un pédophile - car il avait déjà touché plus jeune qu'elle - mais seulement pour sa propre faiblesse. Elle en avait vaguement parlé à Avemignis quand ce dernier lui avait annoncé qu'il serait son principal opposant ce soir, mais étant donné qu'elle lui avait simplement dit qu'elle connaissait Degryffon de quand elle participait à beaucoup de soirées mondaines quand elle était plus jeune, il n'était pas vraiment au courant de tout ça. Non pas qu'elle s'en cache, seulement elle estimait que rentrer dans les détails n'était pas nécessaire, c'était une affaire personnelle qui n'apporterait rien à la cause, et il n'y avait donc pas besoin de perdre du temps sur tout ça.

Le revoir après autant d'années, elle mentirait en disant qu'elle était resté de marbre. Il n'était pas spécialement puissant, mais Degryffon était un beau parleur, il avait une façon de faire avec les mots, c'était ce qui l'avait amené jusqu'ici. Il était charmeur, et elle se souvint de comment elle était tombé sous son charme, 10 ans plus tôt. Il n'avait changé, le même que dans ses souvenirs. Cela ne donna que plus de ferveur à Elena. Elle se ferrait une joie de l'écraser, de lui montrer qu'elle n'avait pas besoin de se déshabiller pour obtenir ce qu'elle voulait, ce serait sa revanche sur elle-même. Un sourire se dessina sur les lèvres à cette idée... Mais elle reprit soudain ses esprits, serrant le poing. Non, elle ne devait pas en faire une affaire personnelle. Ce n'était pas à elle d'écraser Degryffon. C'était à Avemignis. Elle était là pour le soutenir, ce n'était plus elle l'élément phare de la soirée, c'était lui. Elle ne devait pas oublier son véritable objectif.

Elle arriva finalement aux toilettes, après avoir déambulé un peu, histoire de se familiariser un peu plus avec les lieux. Elle y fit son affaire et en profita même pour se refaire une petit coup de beauté, rouge à lèvres, parfum, cheveux... Elle se regarda un instant dans le miroir. Elle ressemblait beaucoup à sa mère ainsi, même si elle préférait porter des couleurs plus chaudes, contrairement à Elena. Au moment où elle rangeait ses affaires, quelqu'un d'autre entra dans les toilettes, mais elle ne lui jeta même pas un regard.

Joshua sursauta lorsqu’il sentit le bras de Nathan autour de ses épaules, mais il se calma progressivement, et resta docile. Du moins, jusqu’à-ce qu’ils arrivent dans un couloir abandonné, et qu’il se remette à trembler malgré lui. Lorsque le maître fit apparaître des étincelles bleues, Joshua fut pris d’une impulsion qui le poussa presque à se saisir de sa baguette, mais il se ravisa lorsqu’il comprit qu’il ne s’agissait que d’un sourdinam. Il fit de son mieux pour reprendre sa respiration, qui était désormais bruyante.

Il releva le regard lorsqu’il sentit la main sur son épaule, l’air confus. Il fut pris d’un frisson lorsqu’il constata que le maître le regardait droit dans les yeux, mais pour une raison qui lui échappa, il ne détourna pas le regard. Sans doute parce qu’il tentait de capter la menace dans ses yeux. Etonnamment, il ne la sentit pas. Le maître se montra même étonnamment… rassurant. Comme s’il évitait de bouger de façon trop brusque. Joshua commença doucement à reprendre ses esprits.

Du moins, jusqu’à-ce que Nathan lui dise qu’il ne « laisserait personne dénigrer ses associés ». Alors la pensée de Joshua se figea totalement. Qu’avait-il dit ? Il lui fallut au moins une seconde pour assimiler ce qu’il venait d’entendre. Le maître l’avait réellement défendu ? Mais pourquoi ? Que cherchait-il à obtenir par ce moyen ? Visiblement, il n’était pas responsable de la fuite d’informations. Il était difficile de mimer une réaction aussi colérique et sincère, quoique cela ne soit pas impossible. Peut-être cherchait-il à le mettre en confiance, mais peut-être…

Il fut interrompu dans son train de pensée lorsque Nathan prit sa main dans les siennes. Une touche de couleur apparut sur ses joues. Il ne fut plus capable de se poser des questions, puisque l’adrénaline descendait, et qu’il comprenait qu’il n’était pas en danger. Sa respiration ralentit lentement, et il cessa progressivement de trembler. Son visage, en revanche, restait légèrement rouge, puisqu’il ne savait pas du tout comment réagir à ce type d’attention.

"Monsieur… je vous en prie, ne vous troublez pas pour moi. Je vous prie de m’excuser pour le… dérangement."

Malgré lui, Joshua ne pouvait s’empêcher d’avoir un doute. Et si Nathan s’inquiétait réellement de son bien-être ? Peut-être, mais après tout, il ne serait pas le premier à s’être occupé de lui pour le trahir ou l’abandonner par la suite. Il devait rester prudent en toute circonstance. Il n’y avait aucun moyen de savoir ce qu’il se passait dans la tête de quelqu’un, encore moins son employeur. S’il s’inquiétait réellement de son bien être, en revanche… disons que le loup garou ne détesterait pas l’idée. Mais il était impératif de ne pas avoir trop d’espoirs.

"... Je vous en prie, accordez-moi l'honneur de vous offrir mon humble assistance. Je suis partiellement responsable de cet incident, puisqu'il s'agit de mon secret..."

Il remarqua la façon dont Nathan s’était tendu, mais cette fois, il comprit directement que ce n’était pas sa faute. Le loup garou se tourna vers la direction dans laquelle Nathan regardait, et fronça légèrement les sourcils. Avait-il repéré quelqu’un ? Joshua le suivit sans trop réfléchir, prêt à lui porter assistance en cas de danger. Il montrerait au maître qu’il était reconnaissant pour sa protection ; ainsi, peut-être le garderait-il dans ses bonnes grâces. Il comprit très rapidement qu’ils filaient la femme en rouge, grâce au pas décidé de Nathan.

Elle finit par entrer dans les toilettes des femmes, et Joshua s’imagina que la poursuite s’arrêterait là. Du moins, jusqu’à-ce qu’il se rappelle les mots d’Elena. Le loup garou fut pris d’un terrible pressentiment. Tellement puissant, en vérité, qu’il ne lança qu’un bref regard à Nathan, comme pour demander son approbation, avant de prendre la décision d’entrer lui-même. Bien sûr, il ne serait jamais entré dans les toilettes des femmes si les circonstances étaient habituelles. Mais le sentiment qui tordait ses entrailles était trop puissant pour l’ignorer. Lorsqu’il vit la baguette de la femme pointée silencieusement vers Elena, son sang ne fit qu’un tour.

"Attention !"

La panique de Joshua se manifesta en quelque chose de rare. Sans qu’il ait à dire un mot, quelque chose s’échappa de sa baguette. Une pure onde de choc. La femme alla voler contre le mur, les portes des cabines claquèrent, et les lumières faillirent s’éteindre. Joshua ne maîtrisait que très peu la magie silencieuse. Ce phénomène n’était arrivé qu’en de rares occurrences – dans des situations d’extrême urgence, lorsqu’il fallait s’occuper de la menace en moins d’une seconde. Joshua avait alors une telle poussée d’adrénaline qu’elle se manifestait parfois physiquement.
Sonnée pour moins d’une seconde, la femme tenta rapidement de se relever.

Nathan s'arrêta devant la porte et lança un Sourdiname lorsqu'il vit entrer Joshua brutalement. Le tout fut suivit d'un gigantesque bang qui raisonna à travers tout les murs du château. Le son fut absorbé dans le sort de silence, mais l'onde de choc avait du faire tremblé tout les recoins de la bâtisse.
Le jeune homme entra alors doucement dans les toilettes sans aucune gêne alors que l’agresseuse se relevait déjà et pointait sa baguette vers Joshua pour formuler un sort de mort.

Le mangemort pointa sa baguette vers celle de l'ennemi et sans dire un mot, la fit s'échapper le bout de bois des mains de la femme.
"Qu'avons nous là..."
L'aurore se jeta sur sa baguette subitement, que Nathan fit sauter au dessus d'elle.
"Du calme... Je ne te veux aucun mal... Cesse de t'affoler."
La jeune femme tenta une nouvelle fois d'attraper sa baguette, mais Nathan la fit à nouveau sauter au dessus d'elle avant de lui envoyer un endoloris informulé.
"JE T'AI DIT DE TE CALMER ! "
Aboya t'il devant la jeune femme qui se tordait d'une douleur intense devant lui.

Il s'approcha avec une démarche féline, s'accroupit devant elle et fit s’arrêter le maléfice avec un grand sourire, et un air avenant.
"Tu savais que mon père avait appris que l'endoloris pouvait changer de douleur à volonté? Je n'aimerais pas être obliger de faire couler un torrent de lave dans tes veines... Alors calme toi s'il te plait..."
La jeune femme le visage vers lui... Nathan s'attendait à un visage pétrifié dans la douleur ou la haine. Mais c'était bien un Rictus qui était dessiné sur la face de cette infâme rebelle. Puis une étincelle mauve vint éclater devant ses yeux.

Le sourire malsain de Nathan se décomposa en visage rageur quand il comprit ce qui allait se passer. Il aggripa bien fort sa baguette et hurla.
"Prote..."
Trop tard. Il sentit dans sa cage thoracique ce qui lui sembla être un coup de poing, puis ce fut comme-ci un train à grande vitesse avait tiré sur un filin attaché à sa ceinture. Il fut projeté assez fort pour venir exploser la porte des toilettes, qui se pulvérisa sous l'impact. 
Nathan vint glisser sur le sol du couloir avant de finir par toucher le mur tout doucement, avec ce qui restait d'inertie.

Il n'avait pas crié. Il ne sentait pas la douleur. Il se contenta juste de se relever doucement tandis que la salle de bal s'était figée.
"Au meurtre..."
Souffla t-il du bout des lèvres, d'une voix à peine audible, noyé dans un océan de haine et de colère, avant de revenir vers les toilettes en s'époussetant... Sans faire attentions aux deux majordomes qui courraient déjà vers lui, baguettes à la mains.

Malheureusement pour Elena, elle avait été prise dans l'onde de choc de Joshua. La vérité, c'est qu'elle avait la main sur sa baguette et qu'elle attendait d'être sûre que la femme qui venait d'entrer allait l'attaquer avant de réagir, elle voulait la prendre par surprise en parant son attaque, mais elle fut si surprise par l'arrivée de Joshua qu'elle n'eut pas le temps de se protéger. Elle avait percuté le miroir et était resté sonnée quelques instants, sans blessure, juste le temps pour Nathan d'arriver à son tour pour interroger l'inconnue.

Le sang d'Elena n'avait fait qu'un tour, dès l'instant où elle avait vu l'expression de Nathan elle avait serré le poing sur sa baguette pour la pointer contre l'ennemie.

"PETRIFICUS TOTALUS !" hurla-t-elle de tout son soûl.

Le temps de finir le sort, Nathan s'était déjà envolé jusqu'au bout du couloir. Elle enchaîna directement, pointant cette fois-ci sa baguette vers Joshua :

"LEVICORPUS !" 

Elle le souleva avec sa magie par la cheville et le jeta littéralement vers Nathan, pour l'envoyer faire son rôle de médicomage. La panique pouvait se lire sur son visage, mais aussi et surtout la rage. Avemignis était dans un sale état, et elle n'arrivait pas à lâcher des yeux sa blessure, le cœur battant.

Lorsqu’il fut soulevé par la cheville, le sentiment qui prit Joshua fut assez puissant qu’il eut sans doute lâché une seconde onde de choc, s’il n’avait pas déjà été épuisé par la première. Il n’eut même pas la force de crier, seulement de lâcher une sorte de jappement étouffé, alors qu’il traversait le couloir en volant pour s’écraser contre le mur, en plein contre son bras droit. Des souvenirs enfouis remontèrent très vite sous la forme d’émotions fortes – la plupart impliquant ses collègues, amis, et gardiens légaux, pointant une baguette contre lui.

Joshua pensait exactement à tout, sauf à faire son travail. Il pensait à transplaner très, très loin d’ici. Il pensait à toutes les échappatoires qu’il avait notées en arrivant dans la forteresse. Il pensait qu’il pouvait encore courir, comme il avait couru auparavant, même avec un bras fracturé. Ces pensées furent interrompues par la vision de deux majordomes, courant vers eux, baguette à la main. Il ne se demanda même pas s’ils venaient pour aider. Cela ne lui traversa pas l’esprit. Tout ce à quoi il pouvait penser, c’était au danger.

"Avada kedavra !" Hurla-t-il d’une voix aussi puissante que tremblante, qui sonnait presque comme le cri d’un animal qu’on emmenait à l’abattoir. L’un des majordomes, pris par surprise, tomba immédiatement. Le visage de Joshua était déformé par un mélange de terreur, et de pure rage. Le visage d’une bête acculée qui s’apprêtait à sauter à la gorge du danger. Joshua se releva, sa baguette tremblante entre les doigts, pointées vers les assaillants, des étincelles crépitant autour de lui. Il remplaça bien vite le sort de mort par un simple protego, qui vint englober une bonne partie du couloir.

"N’approchez pas ! Ne pensez même pas à approcher, je vous buterai ! Je vous buterai tous, saloperies !" rugit-il, d’une voix si forte qu’elle résonna à travers toute la salle de bal. Habituellement douce, le contraste était palpable. Joshua n’avait pas l’air tout à fait présent. Seulement poussé par la peur et l’instinct.

 
 
 

Elena n'en croyait pas ses yeux. Le pétage de plomb de Joshua n'était certainement pas prévu dans ses plans. Certes, rien dans les derniers événements n'était prévu dans ses plans, mais certainement pas ça. Elle le voyait trembler de tout ses membres, et ce fut Nathan qui la sortit de sa torpeur en lui ordonnant de s'occuper des autres et du bruit. Elle fit claquer ses talons sur le sol, sortant de ce qu'il restait des toilettes pour faire face aux autres invités qui arrivaient, en se mettant aussi devant Joshua d'un geste protecteur. Après avoir lancé un Sourdinam vers Nathan, elle pointa le bout de sa baguette sur sa gorge et amplifia sa voix d'un Sonorus. 

"Le premier ministre à été attaqué ! Nous avons appréhendé le suspect, mais je vous prierais de retourner dans la salle de bal, le temps que nous nous occupions de ce petit incident." 

Elle vit Edgar Leveufre arriver avec des majordomes et arrêta le sort, continuant de cacher Joshua derrière elle. 

"Ne vous inquiétez, Monsieur Leveufre, tout est sous contrôle. Je vous présente mes plus plates excuses pour les dégâts, je m'occuperais personnellement de tout réparer, je vous serrais reconnaissante de m'aider à évacuer tout le monde."

D'un claquement de doigt il ordonna à ses majordomes de s'occuper des curieux qui battirent vite en retraite pour retourner dans la grande salle, tandis que d'autres majordomes s'occupait des corps des attaquants. Elle en profita pour lancer un Nebula, créant un brouillard entre eux et Avemignis, pour le cacher. 

"Que s'est-il passé ?" demanda Leveufre d'un sourire qui n'était pas vraiment apaisant. "Votre ami n'a pas l'air très bien..."
"Seulement une tentative d'assassinat, nous nous en sommes occupés." Elle préféra ignorer la deuxième question.
"Si vous le dites... Je dois m'occuper de mes invités, je reviens tout de suite. Pas de bêtises hein !"

À peine s'était-il éloigné qu'elle se tourna rageusement vers Joshua, sa baguette pointé vers lui comme un avertissement.

"Donne-moi une bonne raison de ne pas te tuer, ici, maintenant." 

Son ton était froid. Pour être honnête, elle n'avait pas vraiment envie de tuer Joshua. Mais entre son secret qui avait été découvert qui ternissait la réputation d'Avemignis et sa crise de panique, peut-être qu'il n'était pas aussi utile qu'elle ne le pensait et qu'ils devaient le remplacer avec un VRAI médicomage qui faisait correctement son boulot.

Joshua maintint le protego pendant toute la durée de l'annonce, au cas où un autre imbécile eut décidé de lancer un sort. Il se mit en alerte lorsqu'Elena se plaça devant lui, mais se calma bien vite lorsqu'il se rendit compte qu'elle ne comptait pas l'attaquer. Du moins, pour le moment. Sa crise de panique se changea bien vite en une concentration extrême, qui se manifestait lorsqu'il devait agir pour sauver sa vie. Il brisa finalement le sort lorsqu'il se rendit compte que personne n'attaquait, et se contenta du nebulae.

Puisqu’il était en alerte, Joshua pointa sa baguette vers Elena au moment même où elle sortit la sienne. Ses yeux restaient grand ouverts, colériques, mais il n’y avait pas la moindre trace d’hésitation sur sa figure. Il eut probablement lancé un sort, s'il avait vraiment envie de tuer la jeune femme, ce qui n'était pas vraiment le cas.

"Je t'aurais tuée sur le champ si je n’avais pas autant de respect pour ma hiérarchie. Tu as tourné ta baguette contre moi. Que croyais-tu, que je penserais que l'aurore était responsable ? Estime-toi heureuse que la sécurité du maître soit ma priorité." Il avait totalement ignoré sa question, puisqu'il ne se considérait pas une seule seconde comme étant dans le tort. Sa voix était d’une froideur absolue, quoi qu’elle trahissait une forme d'énervement.

Il plissa légèrement les yeux.

"Crois-tu que ce soit là le premier acte de traîtrise auquel j’aie dû faire face ? Explique-toi. Maintenant."